Un débrayage ce vendredi chez Servier à Gidy : les salariés dénoncent les conditions de mise en œuvre du plan de restructuration du groupe pharmaceutique qui prévoit de regrouper à Saclay (Essonne) les activités recherche et développement. 150 postes sont concernés dans le Loiret.
PSE dans le groupe Servier
C’est assez rare pour être souligné : une cinquantaine de salariés de Servier à Gidy (au nord d’Orléans) ont débrayé et distribué des tracts, ce vendredi de 6h30 à 9h30, aux portes de l’entreprise pharmaceutique. En cause : les conditions de mise en œuvre du plan de restructuration décidé par le groupe, et qui s’est déjà traduit par 150 départs volontaires l’an passé dans le cadre d’une rupture conventionnelle collective.
Une mutation à Saclay pour 150 salariés loirétains ?
Désormais, c’est un PSE (plan de sauvegarde de l’emploi) qui est en cours de négociation depuis le 25 novembre. Il s’agit en fait de regrouper l’ensemble des activités de recherche et de développement sur le futur site de Saclay, dans l’Essonne – un site actuellement en construction et qui doit être livré en 2023, pour un coût estimé à 377 millions d’euros. Près de 150 salariés de Servier dans le Loiret sont directement concernés par ce projet : 67 à Gidy et 80 à Orléans (sur le site rue Eugène Vignat).
Or beaucoup d’entre eux ne sont pas prêts à accepter cette mutation. « A l’heure actuelle, la moyenne d’âge à l’entité Biologie Servier est très élevée, explique Marie-Pierre Renaud, cadre à Gidy et élue CFDT au CSE (comité social et économique) : 67% des salariés ont plus de 55 ans. C’est très compliqué pour eux, qui sont en fin de carrière, d’aller à Saclay, avec une amplitude d’horaires énorme puisqu’il faut compter 3 heures minimum de trajet aller-retour, et que déménager là-bas leur coûterait très cher en pouvoir d’achat.«
Des départs inévitables, mais avec quelles conditions ?
Des licenciements paraissent donc inévitables. Or les mesures d’accompagnement financier et les propositions de reclassement externes envisagées par le groupe sont largement insuffisantes, estime Eric Martinez, délégué syndical CFDT chez Servier : « On ne remet pas en cause ce projet de regroupement de la R & D à Saclay, précise-t-il, car il y va de la pérennité de l’entreprise. Mais ce qu’on veut, ce sont des mesures d’accompagnement qui soient à la hauteur de l’engagement et de la fidélité dont ont fait preuve jusqu’à présent les salariés, et qui correspondent aussi à la dimension d’un groupe comme Servier. Cela fait 3 mois qu’on est en train de négocier, et la négociation n’avance pas.«
Marie-Pierre Renaud ne cache pas une certaine amertume : « Malgré ce PSE, le groupe Servier se porte bien. Les vraies valeurs qui ont longtemps été les valeurs du groupe, on se demande où elles sont passées : il y a une grande tristesse chez certains de mes collègues qui ont le sentiment d’être les grands oubliés de l’affaire. » Le PSE doit être soumis à la DDETS du Loiret (Direction départementale de l’emploi, du travail et des solidarités) fin mars. « Il nous reste un mois pour négocier, cela va être compliqué« , conclut Eric Martinez.
De son côté, la direction de Servier se dit « étonnée » par cette mobilisation : « le groupe a toujours privilégié le dialogue social« , nous explique-t-on. Et d’ajouter : « la Direction a bien conscience que cette période de l’histoire de la R&D du Groupe peut être source d’émotion pour certains collaborateurs. Notre priorité est d’obtenir un accord qui soit le plus équitable possible pour l’ensemble des salariés concernés et ainsi les accompagner avec des mesures appropriées dans le but de favoriser leur mobilité au sein du nouvel Institut. » Le groupe reconnaît toutefois qu’ « un projet de PSE est également discuté dans le cas où certains collaborateurs ne souhaiteraient malheureusement pas rejoindre le nouvel Institut. » Dans le Loiret, le groupe Servier emploie au total environ 1 000 personnes réparties sur les sites de Gidy et d’Orléans.
Source : France Bleu Orléans
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