2.1- OETH : le calcul de la contribution
2.1.1 Le handicap en entreprise : cadre légal et OETH
Toute entreprise d’au moins 20 salariés doit compter au moins 6 % de travailleurs handicapés dans son effectif total. Si ce n'est pas respecté, une taxe se déclenche.
Cette obligation vise à favoriser l’insertion professionnelle des salariés en handicap et à lutter contre les discriminations.
2.1.2. Le calcul de OETH
Son calcul technique est composé de divers éléments, détaillés dans notre formation, mais voici un exemple pour en faire une première estimation :
Une entreprise de 300 salariés, emploie 8 salariés travailleurs handicapés
Elle sera redevable d’une contribution, en fonction du nombre de salariés handicapés manquants qu’elle a à recruter :
500 * SMIC horaire * nombre de salariés manquants
1- Détermination du nombre maximum de travailleurs handicapé pour l'effectif de 300 salariés :
300 * 6% = 18
2- Salariés handicapés à recruter :
18 – 8 = 10 salariés travailleurs handicapés à recruter
3- La contribution financière sera donc de :
500 * SMIC horaire * nombre de salariés à recruter
= 500 * 11.52 * 10
soit un total de 57 600€
2.2. Comment le CSE peut aider à diminuer la "taxe handicap" : leviers et bonnes pratiques
Pour diminuer, voire supprimer, la contribution Agefiph, plusieurs solutions existent :
- Recruter davantage de travailleurs handicapés : respecter ou dépasser le quota de 6 % permet d’éviter la taxe et améliore l'inclusion
- Favoriser l’alternance et les stages : les contrats d’apprentissage, de professionnalisation ou de stage de personnes handicapées sont pris en compte dans le calcul du taux (voir plus bas point 3.3.1.)
- Faire appel au secteur protégé et adapté : les achats de biens ou services auprès d’Établissements et Services d’Aide par le Travail (ESAT), Entreprises Adaptées (EA), Travailleurs Indépendants Handicapés (TIH) ou Entreprises de Travail Temporaire d’Insertion (ETTI) sont déductibles de la contribution
- Mettre en place un accord agréé : un accord d’entreprise sur l’emploi des personnes handicapées, validé par l’administration, permet de substituer des actions concrètes à la contribution financière
- Aménager les postes de travail : les investissements pour l’accessibilité et l’adaptation des postes sont valorisés dans la politique handicap et facilitent le recrutement et le maintien dans l’emploi
2.2.1. Favoriser l'alternance et les stages par des personnes handicapés
Les contrats d’apprentissage, de professionnalisation et les stages réalisés par des personnes en situation de handicap sont pris en compte dans le calcul du taux d’emploi des travailleurs handicapés.
Chaque alternant ou stagiaire reconnu comme bénéficiaire de l’OETH (Obligation d’Emploi des Travailleurs Handicapés) contribue à atteindre le quota de 6 % et réduit d’autant le nombre de « travailleurs handicapés manquants » dans l’entreprise.
Cette stratégie est pertinente pour :
- Diversifier les profils recrutés et préparer l’intégration durable de personnes handicapées (sans oublier que toutes les entreprises veulent être "RSE" : c'est une bonne occasion de montrer que ce n'est pas de l'affichage)
- Bénéficier d’aides spécifiques à l’embauche d’alternants handicapés (primes, accompagnement)
- Tester l’adéquation entre le poste, l’environnement de travail et les besoins spécifiques du salarié.
En pratique, il est conseillé :
- d'adapter les processus de recrutement pour faciliter l’accès des candidats en situation de handicap à l’alternance
- de mettre en place un accompagnement personnalisé pour sécuriser le parcours et favoriser la montée en compétences
- d'avoir un responsable de service responsabilisé sur ce thème afin de faciliter l'inclusion
2.2.2. Faire appel au secteur protégé
Le recours à la sous-traitance auprès du secteur protégé et adapté (ESAT (exCAT), EA, TIH, EPS) permet de déduire une partie des montants facturés de la contribution Agefiph, dans la limite de 50 à 75 % de la contribution brute selon le taux d’emploi de travailleurs handicapés dans l’entreprise.
2.2.2.1. Quelles tâches peuvent être confiées au secteur protégé et adapté ?
Il exite plus de 200 métiers dans 14 grands secteurs, n'hésitez pas à vous renseigner, le panel est important.
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Production industrielle : montage, opérateur de production, ouvrier (en menuiserie, métallurgie, électricité, chimie, plastique), conditionnement, assemblage, logistique, emballage.
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Services : agent administratif, secrétaire, reprographie, archivage, gestion du courrier, employé de conciergerie, graphiste, agent évènementiel
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Impression, reprographie : opérateur en imprimerie, agent de reprographie...
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Espaces verts et aménagement : nettoyage, entretien d’espaces verts, maçon paysager,
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Nettoyage et entretien : agent de propreté, agent d'entretien de véhicules, blanchisserie, gestion des déchets, repasseur industriel
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Construction et bâtiment : peintre, ouvrier, maçon
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Restauration collective : cuisinier, serveur, plongeur, aide pâtissier, gestionnaire de stocks alimentaires...
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Conditionnement, logistique et transport : préparateur de commandes, manutentionnaire, chauffeur livreur
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Prestations intellectuelles : informatique, développement web, services administratifs, gestion documentaire, traduction, centre d’appels.
2.2.2.1. Limites et conditions
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Seuls les contrats de fourniture, de sous-traitance ou de prestation de services passés avec des EA, ESAT, TIH ou EPS (salarié porté reconnu handicapé) sont éligibles à la déduction.
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Les factures doivent être dûment justifiées et les prestations réellement réalisées.
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La déduction est plafonnée à 50 % de la contribution brute si le taux d’emploi de l’entreprise est inférieur à 3 % et à 75 % si ce taux est égal ou supérieur à 3 %
2.2.3. Mettre en place un accord agréé
L’accord agréé est un levier pour supprimer la contribution Agefiph : tant qu’il est en vigueur et respecté, la contribution réelle due peut-être nulle (mais remplacée par des actions à réaliser qui ont un coût).
2.2.3.1. Qu’est-ce qu’un accord agréé ?
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Il s’agit d’un accord collectif, négocié avec les partenaires sociaux, qui prévoit un plan pluriannuel d’actions concrètes en faveur de l’emploi des personnes handicapées
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L’accord doit être validé (« agréé ») par l’administration, après vérification de sa conformité et de son ambition.
2.2.3.2. Que doit contenir un accord agréé ?
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Un diagnostic de la situation de l’entreprise en matière d’emploi des personnes handicapées
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Des objectifs chiffrés de recrutement, d’intégration, de maintien dans l’emploi, d’accessibilité, de formation...
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Un plan d’actions détaillé (recrutement, aménagements, sensibilisation, recours au secteur protégé, partenariats...)
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Un budget dédié et des modalités de suivi et d’évaluation des actions
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Une durée de validité (généralement 3 ans, renouvelable)
2.2.3.3. Avantages de l’accord agréé
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Substitution de la contribution Agefiph par des actions concrètes et structurantes pour l’entreprise.
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Valorisation de la politique handicap auprès des salariés, partenaires et clients.
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Implication du CSE et des partenaires sociaux dans la définition et le suivi de la politique handicap.
2.2.3.4. quelle est la procédure ?
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Négociation de l’accord avec les représentants du personnel (CSE).
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Dépôt auprès de la DREETS (Direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités) pour agrément.
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Suivi annuel des engagements et bilan à la fin de la période.
3- les différents d'handicaps et leurs reconnaissance
Afin de bénéficier de l'obligation d'emploi de travailleurs handicapés et ainsi bénéficier d'une "discrimination positive" lors de l'étape de la candidature, les personnes concernées doivent pouvoir attester leur handicap.
Il existe différents certificats, mais les trois principaux sont : l'invalidité, l'incapacité, et la RQTH.
1- La pension d'invalidité
De trois niveaux différents, elle est accordée par la sécurité sociale. Une demande peut être envoyée à la sécurité sociale si la personne est atteinte de restriction importantes à l'emploi. Elle est de minimum 311,56€ par mois. L'invalidité concerne des troubles acquis dans le cadre personnel.
2- Le taux d'incapacité
A la suite d'un accident du travail ou d'une maladie professionnelle, le salarié sera convoqué par le médecin conseil de l'assurance maladie, qui statuera sur le taux d'incapacité permanente restant.
En dessous de 10%, le salarié touchera une certaine somme (allant jusqu'à 4 507.36€) et ne sera pas reconnu en situation de handicap vis-à-vis de son employeur.
Au-delà, le salarié percevra une rente, chaque trimestre ou chaque mois, et bénéficiera de l'obligation d'emploi de travailleurs handicapés des entreprises.
3- RQTH, formulaire de demande à la maison départementale des personnes handicapés (mdph)
La loi du 11 février 2005 a installé dans chaque département une maison départementale pour les personnes handicapées.
Que les salariés soient bénéficiaires d'une invalidité ou une incapacité, le CSE se doit d'inviter les salariés à envoyer un dossier de demande à la mdph. Par l'intermédiaire du formulaire de demande, tout ce que le salarié a besoin vis-à-vis de son handicap peut être demandé. Tous les besoins de compensations, d'accompagnement, ainsi que les besoins d'orientations, notamment, vers le milieu protégé et adapté.
Au sein du formulaire de demande à la MDPH, il faut bien sûr demander la RQTH (reconnaissance de la qualité de travailleurs handicapés), mais l'allocation aux adultes handicapés vaut RQTH et se cumule avec l'invalidité, jusqu'à un certain seuil. Au moment de prendre votre retraite, l'AAH se transforme ensuite en pension minimum, et peut permettre de partir dès 55 ans.
5- Les obligations de l'employeur
Les obligations de l'employeur en matière de handicap sont détaillées par le législateur.
Le CSE doit être vigilant à leurs bonnes applications, alors que les directions ont tendance à ne pas assez s'impliquer sur le sujet par manque de connaissances. Ce point est encore plus vrai plus depuis l'application de la loi avenir professionnel du 5 septembre 2018, qui a limité l'enchainement des accords handicap, à un seul renouvellement.