La mauvaise utilisation de l’argent du CSE recouvre :
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Des dépenses sans lien avec l’objet du CSE ou non autorisées par une délibération/règlement intérieur ;
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La confusion entre budget de fonctionnement et budget des Activités Sociales et Culturelles (ASC) ;
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L’absence de traçabilité (pièces manquantes, paiements non justifiés) ;
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Les conflits d’intérêts (prestataires liés, auto-facturation, avantages indus) ;
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Les comportements susceptibles de relever d’abus de confiance, de détournement d’argent ou de détournement de fonds.
Mauvaise utilisation de l’argent du CSE = toute dépense non conforme à l’objet du CSE, à la séparation des budgets (fonctionnement vs ASC), aux règles votées, ou aux exigences de traçabilité.
Nous pouvons citer :
- A- Dépenses personnelles / avantages indus
- Achats, repas, voyages privés d’élus/proches
- Notes de frais fictives ou gonflées (trajets, indemnités kilométriques, etc.)
- Cadeaux/avantages aux élus non votés, non tracés, ou disproportionnés
- Utilisation de RIB personnels, "avances de trésorerie" non encadrées
- B. Confusion des budgets du CSE (fonctionnement ↔ ASC)
- Imputer des loisirs/fêtes/avantages salariés (ASC) sur le fonctionnement
- Faire payer formations économiques, expertises, outils de gestion (fonctionnement) par les ASC
- Tenir une seule comptabilité sans ventilation claire ni suivi analytique
- Avoir un seul compte en banque pour les 2 budgets (possible par la loi mais demande une comptabilité très précise)
- Opérer des transferts entre budgets sans cadre formel, sans décision, ou hors conditions
- C. Prestations ASC non conformes
- Bons/cadeaux/avantages hors critères ou au-delà des plafonds applicables
- Avantages non ouverts selon des critères objectifs (risque de discrimination)
- Salariés avantagés
- D. Processus & traçabilité défaillants
- Espèces, paiements non tracés ou circuits opaques
- Absence de justificatifs probants (facture détaillée, preuve de paiement, liste des bénéficiaires)
- Pas de délibération avant engagement de la dépense
- Fractionnement de factures pour contourner des seuils et éviter la mise en concurrence
- E. Conflits d’intérêts & achats non encadrés
- Prestataires liés à un élu (famille, intérêts financiers, cadeaux)
- Auto-contrats, rétrocommissions, aucune mise en concurrence minimale
- Choix du fournisseur non motivé (qualité/prix/délais/service)
- F. Se substituer à l’employeur
- Prendre en charge via le CSE des obligations légales de l’employeur (coûts structurels, sécurité, etc.)
- Achat (forcé) du CSE de mobilier pour l'entreprise (déjà rencontré)
- Formations des salariés financés par le CSE
- G. Mauvaise utilisation du budget de fonctionnement du CSE
- Financer des ASC, cadeaux, événements festifs avec le fonctionnement
- Négliger les postes légitimes : formation économique, expertises, outils/logiciels de pilotage, communication institutionnelle du CSE
- H. Mauvaise utilisation du budget ASC
- Avantages sans utilité sociale/culturelle réelle
- Ciblages arbitraires ou sélectifs non justifiés
- I. Transferts et placements hasardeux
- Transfert hors procédure ou hors limites prévues
- Placements risqués sans délibération ni politique de trésorerie
Ces éléments, s'ils se présentent, doivent vous interpeller car ils peuvent traduire une mauvaise utilisation de l'argent du CSE :
- Dépenses personnelles d’élus/proches
- Cadeaux non votés/disproportionnés
- Factures sans justificatifs probants
- Paiements en espèces/non tracés
- Confusion des budgets fonctionnement/ASC
- Avantages salariés non conformes aux règles sociales
- Prestataires liés à un élu (conflit d’intérêts)
- Fractionnement de factures et absence de mise en concurrence
- Prise en charge par le CSE d’obligations légales de l’employeur
Le premier cas de mauvaise utilisation de l'argent du CSE est le mélange des budgets.
En aucun cas, le budget de fonctionnement de 0.2% doit servir à financer des œuvres sociales pour les salariés. C’est une obligation qui peut être sanctionnée lorsqu’elle n’est pas respectée.
Il est impératif de respecter, tout au long de l’existence du CSE, la stricte séparation des budgets : on parle du principe de dualité des budgets.
Nous vous conseillons d’avoir des comptes en banques et des comptes de placements séparés.
Le financement des activités sociales et culturelles en elles-mêmes et de la gestion administrative de ces activités sur le budget de fonctionnement sont illicites. Pour ne pas se tromper, vous devez raisonner par destination. Les juges ont posé ce principe depuis longtemps :
« Mais attendu d'une part, que, s'agissant des frais de personnel et de photocopies ainsi que des remboursements d'heures passées à des commissions non obligatoires, la cour d'appel a décidé à bon droit que ces dépenses, se rattachant aux ASC, ne pouvaient s'imputer sur la subvention de fonctionnement du comité d’entreprise ».
Le CSE ne peut pas se prévaloir de la liberté d’utilisation de ses budgets pour couvrir des dépenses étrangères à ses attributions économiques et professionnelles c’est à dire à son fonctionnement. Pour plus de détails sur les possibilités d'utilisation du budget de fonctionnement, cliquez ici.
Soyez particulièrement vigilants en la matière d’autant que les sollicitations, vous enjoignant à utiliser de manière illicite votre budget de fonctionnement pour des œuvres sociales, de certains prestataires œuvres sociales sont courantes (du type : « tout le monde le fait, pourquoi pas vous ? », « je vous assure, c’est possible. Il n’y a aucun problème », « mettez le logo du CSE sur le cadeau, c’est de la communication, ça passe ! »).
Autre écueil, une mauvaise gestion éloigne le CSE de son rôle premier : exercer en toute indépendance ses missions économiques et sociales dans l'intérêt des salariés.
En cas de mauvaise utilisation du budget, il est possible de saisir le Tribunal judiciaire (l’action peut être lancée par le Président du CSE) pour demander l’annulation de la délibération et / ou la réintégration des sommes litigieuses dans le bon budget… c’est le cas le moins risqué sur le plan judiciaire puisque c’est le CSE qui est visé ici (et non le Trésorier à titre individuel). Par contre, la réintégration des sommes mal utilisées dans le budget de fonctionnement va limiter, c’est le moins que l’on puisse dire, les futures œuvres sociales destinées aux salariés…
L’utilisation non-conforme d’un budget du CSE entraîne un risque de condamnation pénale : l’abus de confiance.
« L’abus de confiance est le fait par une personne de détourner, au préjudice d’autrui, des fonds, des valeurs ou un bien quelconque qui lui ont été remis et qu’elle a acceptés à charge de les rendre, de les représenter ou d’en faire un usage déterminé » (article 314-1 du code pénal).
L’abus de confiance est puni de trois ans d’emprisonnement et de 375 000 euros d’amende. Il existe de nombreux cas de Jurisprudence notamment sur le détournement de fonds.
Un ou plusieurs membres du CSE peuvent faire l’objet de poursuites pénales. Par exemple, un président de commission qui a bénéficié et fait bénéficier à ses proches de gratuités et de réductions sur des voyages organisés par le CSE a été déclaré coupable du délit d'abus de confiance. En plus de la peine de prison avec sursis prononcée, il a notamment dû verser des dommages et intérêts au CSE.
Si le trésorier, comme d’ailleurs tout membre du CSE, commet une malversation, il peut être poursuivi pénalement et condamné pour le délit commis, voire pour délit d’entrave.