En réponse au mouvement social des « gilets jaunes » et à la baisse du pouvoir d’achat, la loi n° 2018-1213 du 24 décembre 2018 (Légifrance) a instauré la Prime exceptionnelle de pouvoir d’achat, plus connue sous le nom de prime Macron. Cette prime, versée avant le 1ᵉʳ avril 2019, était exonérée d’impôt sur le revenu et de cotisations sociales, dans certaines limites, et pouvait bénéficier à tout ou partie des salariés selon des critères définis par l’employeur.
Depuis le 1ᵉʳ juillet 2022, la Prime exceptionnelle de pouvoir d’achat (PEPA), ou prime Macron, a été pérennisée et renommée Prime de partage de la valeur (PPV). Ce dispositif conserve les objectifs initiaux de soutien au pouvoir d’achat, tout en adaptant ses règles fiscales et sociales.
Bien que la Prime de partage de la valeur (PPV) conserve la plupart des caractéristiques de la Prime exceptionnelle de pouvoir d’achat (PEPA) ou prime Macron, elle est moins avantageuse sur le plan fiscal. En effet, l’exonération d’impôt sur le revenu et de CSG/CRDS qui lui est associée est temporaire, ce qui réduit son attractivité pour les employeurs et les salariés sur le long terme.
Cet article s’adresse exclusivement aux entreprises de plus de 50 salariés disposant d’un Comité Social et Économique (CSE). Les précisions et exemples sont donc particulièrement pertinents pour les élus de CSE et pour tout expert-comptable du CSE intervenant dans ce contexte.
Non. La PPV est un dispositif facultatif : chaque entreprise peut choisir de la verser ou non à ses salariés. Ce choix relève de l’employeur, sous réserve de respecter les conditions prévues par la loi.
L’employeur peut attribuer la Prime de partage de la valeur (PPV) uniquement à certains salariés, à condition de respecter les critères légaux de sélection prévus par le Code du travail. Ces critères doivent être précisés dans l’accord collectif ou la décision unilatérale instaurant la prime.
Lorsque l’entreprise dispose d’au moins un délégué syndical et est soumise à l’obligation de mettre en place un accord de participation, elle doit, en cas de résultats financiers exceptionnels, engager des négociations sur le partage de la valeur avec les représentants du personnel, conformément à l’article L.3322-6 du Code du travail.
La loi de financement de la sécurité sociale pour 2025 prévoit que la Prime de partage de la valeur (PPV), ou prime Macron, sera réintégrée dans la rémunération servant au calcul de la réduction générale de cotisations sociales à partir du 1ᵉʳ janvier 2025.
Concrètement, à partir du 1ᵉʳ janvier 2025, il sera moins avantageux pour les entreprises de verser la Prime de partage de la valeur (PPV) aux salariés dont la rémunération est comprise entre 1 × le Smic et 1,6 × le Smic. En effet, le montant de la réduction générale de cotisations sociales sera réduit, ce qui augmente le coût de la prime pour l’employeur.
En pratique, cette évolution pourrait conduire les entreprises à réduire le montant des Primes de partage de la valeur (PPV) versées aux salariés, afin de compenser la hausse des cotisations patronales. Certaines pourraient également privilégier la mise en place d’un dispositif d’intéressement (voir notre guide complet sur l’intéressement), jugé plus avantageux fiscalement dans ce contexte.
La PPV, également appelée prime Macron, peut être mise en place par différents types d’employeurs :
Tous les salariés titulaires d’un contrat de travail peuvent bénéficier de l’exonération sociale liée à la Prime de partage de la valeur (PPV), aussi appelée prime Macron.
Cela inclut notamment :
🕮 Condition à choisir : le salarié doit être en poste à la date de versement de la prime, soit à la date de dépôt de l’accord ou à la date de signature de la décision unilatérale instaurant la prime.
Pour percevoir la PPV (prime Macron), le salarié doit avoir un contrat de travail en cours à l’une des dates suivantes, fixée dans l’accord ou la décision unilatérale instaurant la prime :
Oui,
l’employeur peut limiter le versement de la PPV (prime Macron) aux salariés dont la rémunération est inférieure à un plafond fixé par l’accord collectif ou la décision unilatérale instaurant la prime.
🕱 Interdiction : il est strictement interdit de réserver la prime aux salariés dont la rémunération est supérieure à un certain seuil.
En dehors du critère de rémunération, aucune autre exclusion de la Prime de partage de la valeur (PPV) n’est autorisée.
Par exemple, il est interdit de limiter la prime aux salariés ayant plus de 3 mois d’ancienneté à la date de versement.
En revanche, l’employeur peut moduler le montant en fonction de l’ancienneté réelle du salarié dans l’entreprise.
🕭 Le contrôle de la PPV peut se faire dans le cadre de la nomination d'un expert-comptable pour la consultation pour la politique sociale.
Comme pour l’intéressement ou la participation, la Prime de partage de la valeur (PPV) – ou prime Macron – ne peut en aucun cas se substituer à :
Un élément de salaire déjà versé ou rendu obligatoire par la loi, un contrat de travail ou un usage en vigueur
Une augmentation de salaire prévue
Une prime prévue par un accord salarial, un contrat de travail ou les usages de l’entreprise
L’employeur peut librement fixer le montant de la Prime de partage de la valeur (PPV) – ou prime Macron – dans le cadre d’un accord collectif ou d’une décision unilatérale :
🕭 Astuce pour les élus CSE : vérifier dans l’accord ou la décision unilatérale si le montant et les critères sont clairement définis pour éviter toute contestation.
La loi autorise l’employeur à moduler le montant de la PPV (prime Macron) entre les bénéficiaires, uniquement selon les critères légaux suivants :
- Rémunération
- Appréciée sur les 12 mois glissants précédant le versement
- Peut correspondre à la rémunération brute, à la rémunération de base ou à une rémunération spécifique (ex. base + moyenne sur 12 mois)
- Niveau de classification
- Durée de travail prévue au contrat
- Durée de présence effective pendant l’année écoulée
- Ancienneté dans l’entreprise
⨻ Attention : utiliser d’autres critères ferait perdre le bénéfice des exonérations sociales et fiscales.
Le critère d’ancienneté s’apprécie à la date de versement de la PPV (prime Macron).
⨻ Attention : une modulation jugée excessive supprime le droit aux exonérations sociales et fiscales.
Oui.
Depuis le 1ᵉʳ décembre 2023, l’employeur peut verser jusqu’à deux PPV (prime Macron) au titre d’une même année civile, à condition de respecter :
Les modalités (bénéficiaires, montants, modulation) peuvent différer entre les deux primes.
L’employeur peut instaurer la PPV (prime Macron) de deux manières :
Si l’employeur souhaite définir le montant, le plafond de rémunération et les critères de modulation de la Prime de partage de la valeur (PPV) via un accord collectif, il doit respecter les modalités prévues pour les accords d’intéressement (Code du travail – art. L.3312-5).
Modalités de conclusion de l’accord pour la Prime de partage de la valeur (PPV)
L’accord collectif instaurant la PPV peut être conclu :
Si l’employeur choisit de mettre en place la PPV (prime Macron) par décision unilatérale, il a l’obligation légale de consulter préalablement le CSE (Comité Social et Économique), conformément aux dispositions du Code du travail – art. L.2312-8.
🕭 Cette consultation doit avoir lieu avant la mise ne place de la PPV et permettre aux élus de CSE d’émettre un avis.
L’accord collectif ou la décision unilatérale instaurant la PPV (prime Macron) doit obligatoirement préciser :
La PPV (prime Macron) est un dispositif pérenne et non exceptionnel.
Il est donc possible de conclure un accord ou de prendre une décision unilatérale l’instaurant pour une durée supérieure à un an ou à un seul exercice comptable.
En 2025, la Prime de partage de la valeur (PPV), ou prime Macron, est exonérée de cotisations sociales, de CSG/CRDS et d’impôt sur le revenu (IR), dans la limite de 3 000 € par bénéficiaire et par année civile.
⨻ Si deux primes sont versées la même année, leur cumul ne doit pas dépasser 3 000 € pour conserver l’exonération intégrale.
La PPV (prime Macron) bénéficie d’un plafond d’exonération porté à 6 000 € par bénéficiaire et par année civile lorsque :
Pour bénéficier du plafond d’exonération majoré à 6 000 € sur la PPV (prime Macron), les entreprises ou UES employant au moins 50 salariés sont obligatoirement soumises à la participation, quelle que soit leur activité ou leur forme juridique (C. trav., art. L.3322-2).
Les entreprises ou UES de droit privé employant moins de 50 salariés peuvent conclure un accord de participation volontaire.
Cet accord leur permet de bénéficier du plafond d’exonération de 6 000 € pour la Prime de partage de la valeur (PPV).
Tous les employeurs de droit privé, les EPIC et les établissements publics administratifs employant du personnel de droit privé peuvent mettre en place un dispositif d’intéressement pour leurs salariés (C. trav., art. L.3311-1).
Cet accord est l’un des moyens d’obtenir le plafond d’exonération majoré à 6 000 € pour la PPV
La Prime de partage de la valeur (PPV), ou prime Macron, ouvre droit à une exonération de cotisations sociales, sans plafond de rémunération.
🕭 Cette exonération s’applique dans la limite des plafonds de 3 000 € ou 6 000 €.
⨻ La partie excédant ces plafonds est soumise aux cotisations et contributions sociales.
La Prime de partage de la valeur (PPV), ou prime Macron, est soumise au forfait social dans les mêmes conditions que l’intéressement. Sont concernées uniquement les entreprises de 250 salariés ou plus, conformément à l’article L.137-15 du Code de la sécurité sociale.
Taux et assiette du forfait social sur la PPV
En cas de contrôle Urssaf constatant que les conditions légales de versement de la Prime de partage de la valeur (PPV) (prime Macron) n’ont pas été respectées :
Pour les élus de CSE : lors de l’examen de la PPV, vérifier que toutes les conditions d’attribution sont bien respectées afin d’éviter un risque de redressement.
La PPV (prime Macron) peut être versée en une ou plusieurs fois, dans la limite d’un versement par trimestre.
Interdiction : le versement mensuel est prohibé.
Si deux primes sont attribuées la même année, elles peuvent être versées au cours du même trimestre uniquement si :
Les modalités précises de versement doivent figurer dans l’accord ou la décision unilatérale instaurant la prime.
Si un salarié éligible à la Prime de partage de la valeur (PPV) (prime Macron) quitte l’entreprise avant le versement de toutes les fractions prévues :
L’employeur doit lui verser le reliquat de prime en même temps que le solde de tout compte
Dans ce cas, il peut déroger à la temporalité initialement prévue dans l’accord ou la décision unilatérale
La sécurisation d’une Prime de partage de la valeur performante suppose un cadrage juridique et social précis, des simulations (plafonds, modulation, intéressement) et un dialogue social fluide avec le CSE.
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