Les salariés du groupe pharmaceutique Servier, à Gidy, ont débrayé ce vendredi 25 février. Ils dénoncent les conditions de mise en œuvre de son projet de regroupement des activités recherche et développement, dans l’Essonne.
Une cinquantaine de salariés travaillant pour le groupe pharmaceutique Servier, à Gidy, ont fait grève ce vendredi 25 février, à l’appel de la CFDT. Ils se sont réunis, de 6h30 à 9h30, aux portes de l’entreprise.
Publié le 25/02/2022 à 18h03 La République du Centre
Si les négociations continuent à patiner entre les délégués du personnel et la direction de Servier, la CFDT appellera de nouveau à la grève.
Ils déplorent les conditions de mise en œuvre de son projet de regroupement des activités recherche et développement (R&D), au sein de l’institut Paris-Saclay, dans l’Essonne. Un investissement de377 millions d’euros. Le nouveau bâtiment doit être livré au printemps 2022. Près de 150 salariés loirétains sont concernés par ce déménagement : soixante-sept à Gidy et quatre-vingts à Orléans.
Comme l’explique Éric Martinez, délégué syndical CFDT Chimie-Énergie Centre-Val de Loire et élu au comité social et économique de Biologie Servier, « dans le groupe Servier, la recherche et développement concerne quatre sites : Biologie Servier, à Gidy (67 salariés, en plus des 800 des laboratoires Servier industrie) ; Technologie Servier à Orléans, rue Eugène-Vignat (270) ; l’institut de recherche Servier (550) et l’institut de recherche internationale Servier (750), dans les Hauts-de-Seine.
Une rupture conventionnelle collective en 2021
En 2021, déjà, la direction a mis en place une rupture conventionnelle collective, visant à supprimer 20 % des postes dans le secteur recherche et développement.
Les précisions d’Éric Martinez :
« Cette rupture conventionnelle collective a été prononcée en mai 2021. Environ 10 % des collaborateurs l’ont acceptée. Cinq personnes à Gidy et trente-sept à Orléans sont parties, au 30 septembre 2021. »
Une mutation ou un licenciement économique
Le 25 novembre 2021, la direction a annoncé le regroupement à Paris-Saclay, associé à un projet de plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) et de licenciement collectif pour motif économique, proposé aux salariés qui ne souhaitent pas rejoindre le nouvel institut.
Ces derniers doivent faire leur choix d’ici avril 2022. Or, à Gidy, beaucoup ne sont pas disposés à accepter cette mutation, comme l’explique Éric Martinez :
« 67 % des salariés ont plus de 50 ans. 50 % ont plus de trente ans d’ancienneté. Un départ à Saclay implique onze heures d’amplitude horaire – trois de trajet et huit de travail –, des risques psycho-sociaux, des risques en matière de santé, de sécurité… »
De fait, la CFDT demande l’instauration d’une période d’adaptation, ce que ne veut pas la direction.
Les négociations patinent
Si le personnel refuse de quitter le Loiret, trois possibilités s’offrent à lui : un reclassement interne ; un départ à la retraite anticipé ; ou un reclassement externe – impliquant un licenciement économique –, à travers une formation, un CDI dans une autre société, une création ou un rachat d’entreprise.
Mais depuis trois mois, les négociations sont « stériles » selon le syndicaliste :
« Le cœur du réacteur d’un PSE, c’est l’humain. C’est lui qu’il faut considérer. Aujourd’hui, ce n’est pas le cas. Les mesures d’accompagnement financier et les propositions de reclassement proposées par Servier sont loin d’être à la hauteur d’une entreprise pharmaceutique de ce niveau. »
La CFDT déplore notamment le délai de neuf mois entre le moment où les salariés prendront leur décision et celui où ils seront licenciés. « Dans le cadre d’un reclassement externe, la direction refuse la suspension du contrat de travail, ce qui permettrait pourtant aux salariés de pouvoir rebondir plus facilement », explique Éric Martinez.
La direction se dit « étonnée » de la mobilisation
La direction du groupe pharmaceutique confirme le projet de PSE, en précisant qu’elle souhaite que « tout le monde » puisse retrouver son poste, à Saclay.
Elle se dit « étonnée » de cette mobilisation et assure avoir « toujours privilégié le dialogue social » avec ses représentants du personnel :
« Nous avons conscience que cette période de l’histoire de la R&D du groupe peut être source d’émotion pour certains collaborateurs. Notre priorité est d’obtenir un accord qui soit le plus équitable possible pour l’ensemble des salariés concernés. Et, ainsi, les accompagner avec des mesures appropriées dans le but de favoriser leur mobilité au sein du nouvel institut. »
La poursuite du mouvement social ?
Le PSE doit être soumis à la Direction départementale de l’emploi, du travail et des solidarités du Loiret, fin mars 2022.
« Si les négociations n’aboutissent pas, nous poursuivrons notre mouvement social », affirme Éric Martinez.